La migration post-nuptiale d’un Circaète Jean-le-Blanc adulte a été suivie pour la première fois par satellite grâce à une balise Argos à cellules solaires émettant en permanence. La balise a fourni 506 localisations de l’oiseau au total, depuis son site de nidification au nord du Saintes (Charente-Maritime) jusqu’à sa zone d’hivernage dans le sud-ouest du Niger. La qualité des localisations obtenues a permis de suivre l’oiseau de manière très détaillée pendant les 20 jours qu’a duré sa migration de 4685 km (FIG. 1). La migration a commencé, vraisemblablement en fin de matinée, le 25 septembre 1996 et l’oiseau est arrivé dans sa région d’hivernage dans la soirée du 14 octobre. Il a passé le Détroit de Gibraltar le 3 octobre et il a été possible de le localiser chaque nuit avec précision pendant toute la durée de sa migration (TAB. I). Les étapes journalières parcourues ont varié entre 17 et 467 km (234 km par jour en moyenne) et furent à trois reprises inférieures à 100 km. C’est dans le nord du Mali, à la fin de sa traversée du Sahara, que le circaète a effectué les étapes les plus longues, les 8 et 9 octobre, avec respectivement 467 et 401 kilomètres (FIG. 2). On a pu constater que la longueur des étapes journalières dépendait fortement des conditions météorologiques. Le circaète a en effet parcouru lors des journées ensoleillées 311 km en moyenne, une distance plus de trois fois supérieure à celle qui a été parcourue les jours où le temps était couvert et pluvieux (92 km en moyenne). Grâce à la précision des localisations obtenues, la vitesse de migration a pu être calculée à trois reprises: 37, 44 et 51 km/h. L’oiseau quittait son dortoir de 45 minutes à deux heures après le lever du soleil et s’ arrêtait le soir entre 30 minutes et deux heures avant son coucher, restant en activité jusqu’à 10 heures et 30 minutes pendant des journées longues de 11 heures et 45 minutes.